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La Seine-Saint-Denis saisit le Comité des droits de l’enfant de l’ONU pour ne pas oublier les jeunes qui fuient les désordres du monde

Publié le mercredi 20 novembre 2019

A l’occasion du trentième anniversaire de la Convention internationale des droits de l’enfant – la CIDE –, le président de la République a annoncé des mesures pour « en finir » avec les maltraitances infantiles. On pourrait croire que le président et le gouvernement ont pris la mesure de l’enjeu ; et certes, on n’a jamais autant parlé des droits de l’enfant qu’aujourd’hui. Mais n’y a-t-il pas un décalage entre cette avalanche de déclarations, toutes plus fortes les unes que les autres, et le manque d’ambition que l’on constate en découvrant les mesures des plans successifs et la réalité des moyens sur le terrain ?

On a déjà eu l’occasion de pointer en Seine-Saint-Denis l’inadéquation entre les moyens débloqués par l’État pour aider le secteur de la protection de l’enfance et les besoins réels des Départements, en charge de cette mission de service public. La stratégie annoncée par M. Taquet pour la protection de l’enfance au mois dernier représentait ainsi 80 millions d’euros, pour l’ensemble des Départements. Certes, nous n’allons pas renoncer à une aide, si petite soit-elle, mais quand on la compare au budget de l’aide sociale à l’enfance – plus de 300 millions d’euros pour la seule Seine-Saint-Denis -, comment penser qu’elle est à la hauteur ?

Les annonces esquissées par le président de la République et précisées par le secrétaire d’État Adrien Taquet ce matin vont dans le même sens. Certes, on met la focale sur les violences faites aux enfants, mais quand on découvre dans le détail la nature des annonces, on se rend compte d’un véritable décalage avec le discours ambiant. Tenez-vous bien : pour mettre fin au fléau des violences infantiles, on va embaucher « 5 écoutants ou écoutantes » de plus pour le 119 « Allô enfance en danger » !

Ne soyons pas mauvais joueur ou mauvaise joueuse, il y a d’autres choses dans ces annonces, concernant notamment le recueil de la parole des enfants dans des centres spécialisés, ou encore le suivi post traumatique des victimes, qui méritent de s’y pencher.

Mais sur un sujet aussi essentiel que celui des mineur.e.s étranger.e.s non accompagné.e.s qui sont des milliers dans notre pays, point de nouvelles, en dépit des innombrables appels à l’aide des associations et Départements qui les accueillent et les prennent en charge. Ces acteurs et actrices de terrain sont contraint.e.s à utiliser tous les recours, tous les moyens à leur disposition pour attirer l’attention du gouvernement sur la détresse de ces enfants.

Alors que nous fêtons les trente ans de la CIDE, prenant exemple sur l’action intentée par la jeune militante Greta Thunberg avec d’autres camarades, le Département a donc décidé de saisir le Comité des droits de l’enfant de l’ONU pour enjoindre l’État français à respecter ses obligations vis-à-vis des MNA.

En ne contribuant pas suffisamment au budget du Département consacré à ces mineur.e.s, l’État méconnaît en effet les obligations de la Convention qu’il a pourtant signée. La Seine-Saint-Denis est en première ligne dans l’accueil et la prise en charge des MNA. En juin, elles et ils étaient 1 429 dans le département, un nombre trois fois plus important qu’en 2015. En 2019, le Département a mobilisé près de 59 millions d’euros, soit 17 millions de plus qu’en 2018, et créé 900 places dédiées pour la prise en charge des MNA. Or, l’État ne participe qu’à hauteur de 8% de toutes ces dépenses que nous engageons.

A l’occasion de cette journée symbolique, nous adressons cette saisine au Comité des droits de l’enfant de l’ONU afin qu’il recommande à l’État français d’aider davantage le Département de la Seine-Saint-Denis pour la prise en charge des MNA. Cette saisine insiste également sur la nécessaire réforme en profondeur du système d’accueil, de prise en charge, de mise à l’abri et d’hébergement de ces mineur.e.s, afin que de permettre de les accueillir dans la dignité.