La Courneuve
La Courneuve, c’est d’abord une singularité : une ville moyenne de la banlieue parisienne dont la notoriété nationale – bien souvent contre son gré – voire même au-delà est sans commune mesure avec le nombre d’habitants – 38 407 – qu’elle compte en 2012. Car La Courneuve, aujourd’hui, c’est bien souvent, trop souvent un raccourci, un cliché pour parler des banlieues défavorisées.
Or, La Courneuve, c’est un étonnement pour qui ne la connaît pas : on s’y promène, on y mange au restaurant, on peut y flâner dans une librairie, une galerie d’artistes amateurs, écouter un concert de jeunes élèves d’un conservatoire reconnu, y travailler, y découvrir les richesses des archives diplomatiques de notre pays… Bref, on y vit normalement. Et il fait même bon y vivre, comme certains après-midi d’été autour du lac des Oiseaux du parc départemental, comme certains soirs au cinéma l’Etoile, ou comme les jours où l’on redécouvre que l’union fait la force.
La Courneuve, c’est cette ancienne commune maraîchère puis cité industrielle qui s’est façonnée au gré des opérations de lotissement et par la suite de la construction de grands ensembles de logements sociaux – et notamment les 4000 – pour éliminer les bidonvilles ouvriers, sans vraie cohérence ni lisibilité de l’espace public : une ville qui manque de centre depuis toujours, une ville mosaïque. La ville compte aujourd’hui 13 708 logements, dont plus d’une moitié appartiennent au parc social et près de 14 000 emplois. Elle compte toujours 20% d’ouvriers pour 22,9% d’employés et 14,3% de retraités (chiffres INSEE 2008).
La Courneuve, c’est ce territoire-paradoxe, théâtre de violences trop souvent répétées mais espace de solidarités coriaces. Une commune qui, en dépit des difficultés de ses habitants (le taux de chômage s’élève au double de la moyenne nationale), se développe et voit son solde de population progressivement remonter : la différence entre les départs et les arrivées s’est réduit sur les dix dernières années (-0,86 sur la période 1999–2009, contre –1,15 sur la décennie précédente). Et, en effet, nombreuses sont les familles qui me disent qu’elles ont toujours vécu à La Courneuve et qu’elles voudraient, qu’elles veulent y rester. La Courneuve, ce sont ses habitants mobilisés pour l’emploi, l’éducation, contre l’insécurité, pour un meilleure cadre de vie. Car La Courneuve, en dépit de ses difficultés, est une ville attachante.
La Courneuve, c’est aussi et avant tout un territoire fort de sa jeunesse. 1/3 de sa population a moins de 20 ans ! Ces 11 838 jeunes sont une source inépuisable de dynamisme et de créativité. De la même façon, une ville qui voit plus de 750 naissances par an constitue un précieux antidote au si problématique vieillissement de notre pays et du continent européen.
La Courneuve compte aujourd’hui de nombreux ambassadeurs de ses talents, du cinéma à la musique en passant par la B.D., la danse et le sport de haut niveau, entre autres. Mais si le succès est l’apanage de quelques-uns, la réussite est le lot d’un grand nombre de nos jeunes qui poursuivent des études, y compris dans les plus grandes écoles de France grâce, par exemple, à la convention qui unit depuis 10 ans le lycée Jacques Brel à Sciences Po Paris, créent des entreprises qui contribuent au développement de la ville et du département,… Trop d’entre eux se sentent d’ailleurs parfois contraints de la quitter. C’est aussi un des défis qu’il nous faut relever.
La Courneuve est un carrefour, desservie par tramway, métro et RER. C’est aussi un parc départemental qui couvre 174 Ha et sa maison de l’environnement, un parc des sports, 21 écoles maternelles et élémentaires, 3 collèges, 3 lycées, 10 centres de loisirs, 4 espaces jeunesse « multimédia », une maison de l’enfance, 6 gymnases, 2 stades, une école municipale des sports, un centre culturel, 3 médiathèques, 4 crèches départementales… Cette ville, c’est le quartier des Six-Routes, celui des 4000, le quartier de la gare, celui des Quatre-Routes et un centre qui cherche à exister…
La Courneuve, avec ses quelques cent nationalités, est une ville-monde. Un territoire-vivier, un territoire qui conjugue au présent la France de demain.
C’est cette ville et ses habitants auxquels je suis si profondément attaché, cette ville où ma mère est née, où avec nombre des miens, je vis. Enfant de La Courneuve, je suis fier d’avoir grandi dans ces valeurs de justice et de solidarité qui ont fait sa force et auxquelles je dois tant.