Congrès du Parti socialiste : mon appel à l’unité
Publié le samedi 14 juin 2025
Retrouvez mon intervention au Congrès du PS à Nancy, dans laquelle j’appelle à l’unité des socialistes.
Chers amis, chers camarades,
Au moment où débute notre Congrès aujourd’hui ici à Nancy, comment ne pas éprouver la gravité du moment et le sentiment d’urgence ?
La gravité du moment nous est rappelée depuis quelques heures encore avec les frappes israéliennes sur l’Iran et les incertitudes, les risques qu’elles font peser sur la région et les équilibres du monde, avec toutes leurs conséquences possibles.
Le sentiment d’urgence, il est pour l’Europe, il est pour la France, il est pour la démocratie, il est pour nous, il est pour les nôtres, celles et ceux que nous prétendons défendre face aux dangers, aux menaces que fait peser la marche de l’extrême-droite vers le pouvoir.
Alors je veux insister sur une nécessité pour nous les Socialistes, au moment où nous célébrons les 120 ans du congrès du Globe. C’est bien sûr la nécessité de notre unité.
Alors, il ne s’agit pas ici d’invoquer une unité de façade, ni d’en faire un slogan creux. Il s’agit de dire aujourd’hui pourquoi notre unité est vitale, pourquoi, dans le moment que nous traversons, que la Gauche traverse, que le pays traverse, cette unité elle est capitale.
Oui, l’unité est une nécessité parce que la lucidité nous la commande.
La lucidité sur ce que nous sommes, sur ce que nous incarnons. La lucidité sur ce que représentent de manière générale les formations politiques aujourd’hui dans le pays.
Il nous faut mesurer le fossé abyssal qui s’est creusé entre le monde politique et le reste du pays. Or, quel visage offrons-nous à nos concitoyens avec nos petites phrases, nos luttes picrocholines quand par hasard ils en ont l’écho ? De petites disputes dans un petit milieu politique. Des affrontements hors-sol dans un univers d’entre-soi, de gens qui se ressemblent de plus en plus, qui n’intéressent qu’une poignée de journalistes politiques.
Ce discrédit ne touche bien évidemment pas que les Socialistes. On a beaucoup avancé le chiffre des 40 000 militants socialistes pour souligner notre affaiblissement. Mais que dire des 10 000 votants qui ont désigné le chef du parti présidentiel ?
C’est bien ce constat d’une assise extrêmement fragile, étroite, des partis politiques que nous devons garder à l’esprit si nous ne voulons pas que nos divisions confinent au ridicule, au ridiculement dérisoire.
Et j’irai plus loin : l’unité n’est pas seulement une nécessité, elle est la condition de notre survie.
En tout franchise, est-ce que nous donnons cher de la peau d’un parti socialiste désuni, fracturé, miné de l’intérieur ? Sommes-nous prêts à tout perdre, alors que nous avons repris des couleurs, retrouvé une centralité à gauche, alors que nous sommes arrivés en tête à gauche lors des dernières européennes, alors que nous affronterons dans quelques mois une échéance locale, dont on sait à quel point elle est décisive pour notre implantation et fait notre singularité, notre force à Gauche ?
Et surtout pourquoi courir ce risque ? Pour quelles raisons ? Au fond camarades, tout bien pesé, quelles seraient les causes profondes de nos dissensions ?
Sommes-nous écartelés entre des grands courants idéologiques ? Pris dans une bataille de doctrines, comme jadis avec les débats autour de la révolution et du réformisme, de la dictature du prolétariat et de la démocratie, du plan et du marché ?
Non, aujourd’hui, il n’y a pas de fracture théorique entre nous. Nous partageons les mêmes constats, actuels, autour des ravages d’un libéralisme financier débridé et mondialisé, et nous sommes tous convaincus de la nécessité de réarmer la puissance publique, de lutter à la racine contre les inégalités donc de manière radicale et crédible, d’œuvrer pour un socialisme écologique.
Et même sur la stratégie : plus personne ne conteste la nécessité de rassembler la Gauche, et tout le monde sait la confrontation inéluctable avec l’ambition personnelle de Jean-Luc Mélenchon qui ne permet pas à la Gauche d’affronter l’extrême-droite et surtout de la battre.
Alors, il n’y a pas d’un côté les purs et de l’autre les impurs, d’un côté la gauche qui se compromettrait avec la radicalité, de l’autre celle qui trahirait avec la crédibilité. Il y a une famille politique, les socialistes, qui doit réaffirmer son unité et sa solidité pour redevenir le moteur de la gauche, et plus précisément le moteur de l’union de la gauche.
L’histoire nous enseigne que lorsque les socialistes avancent unis, ils deviennent cette force d’entraînement pour toute la gauche. Et que les choses soient claires, l’union de la gauche ce n’est pas seulement une nécessité électorale. Ça détermine aussi la politique que nous voulons mener quand nous sommes en responsabilité.
Mais l’unité des socialistes ne doit pas être qu’un raisonnement ou un calcul électoral. Elle est aussi un préalable, une condition pour se concentrer sur le fond, sur le travail programmatique, pour reprendre le terrain des idées, que nous avons peut-être trop délaissé. Parce que trop accaparés depuis 2018 à empêcher notre marginalisation.
Dans son discours au congrès d’Epinay, un 13 juin aussi, François Mitterrand posait la question : « qu’allons-nous faire de l’unité ? ». Oui, qu’allons-nous faire de l’unité ? Il répondait, « d’abord, exister, exister tout simplement, physiquement. » Mais il ajoutait, en insistant dessus : « Il faut aussi que nous existions intellectuellement, par un plus riche apport théorique ».
Alors c’est maintenant ! Oui c’est maintenant. C’est en menant ce travail idéologique, en menant la bataille des idées que nous retrouverons notre vocation majoritaire, que nous répondrons aux aspirations des catégories populaires et de la jeunesse, non pas pour elles-mêmes, mais comme condition pour parler au pays tout entier et, non à des segments ou à des clientèles électorales étriquées. Parce qu’il nous faut convaincre que le projet des droites réactionnaires, c’est une fuite en avant sans issue, celle d’une société fracturée qui sépare, qui « jette les uns contre les autres, les origines, les cultures, les religions, les territoires ».
Alors, camarades, c’est par l’unité que nous retrouverons notre force.
Unité pour exister.
Unité pour convaincre.
Unité pour gagner.
Vive les socialistes unis, vive la gauche qui agit et qui protège ! Vive la République sociale !
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