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Un 5 décembre pour la justice et pour la solidarité !

Publié le mercredi 4 décembre 2019

La grève du 5 décembre est sur toutes les lèvres. Agent.e.s de la SNCF, de la RATP, enseignant.e.s et équipes éducatives, personnel hospitaliers, policier.e.s… toutes et tous battront le pavé ce jeudi en 5, pour se faire entendre d’un gouvernement tentant par tous les moyens de décrédibiliser un mouvement dont la force pressentie l’inquiète et qui a par ailleurs le soutien majoritaire des Françaises et des Français.

Mot d’ordre principal de la mobilisation : le refus de la réforme des retraites. Car ce qu’on nous avait présenté comme un moyen de remettre de l’égalité et de la justice au cœur d’un système dont nul ne peut ignorer certaines faiblesses se révèle en réalité être une régression sociale qui prévoit une baisse généralisée du montant des retraites.

Le gouvernement tente de nous persuader, à grands renforts de communication, que le système n’est pas arrêté, qu’il n’y a pas encore eu négociation ; mais le rapport Delevoye est pour l’instant le seul document tangible dont nous disposions. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il est anxiogène !

La réforme à points soulève des inquiétudes légitimes.

Elles concernent notamment la valeur du point. Dans ce nouveau système, il s’agit d’accumuler des points pendant sa carrière professionnelle. Mais qui détermine la valeur du point ? Sera-t-il soumis à la conjoncture économique? Comment évolue-t-il ?

Les Françaises et les Français veulent des réponses simples : combien je touche, pour combien d’années cotisées. La valse-hésitation du gouvernement entretient un flou visant à empêcher comprendre les enjeux et de se saisir pleinement d’un débat qui regarde pourtant chacune et chacun d’entre nous.

Au-delà de cette technicité qui peut paraître abstraite, une chose est sûre : cette réforme est foncièrement régressive. Il suffit de lire le rapport Delevoye, Haut-commissaire à la réforme des retraites, qui dit clairement qu’on maintiendra le même montant du PIB consacré aux retraites alors que le nombre de retraité.e.s ainsi que leur part dans la population va augmenter. C’est mécanique : avec le même gâteau, et plus de personnes à se le partager, cette autolimitation conduira irrémédiablement à une diminution des pensions.

En outre, le gouvernement « omet » de prendre en compte les différences d’espérances de vie, pourtant flagrantes dans notre société (dix ans de moins pour un.e ouvrier.e par rapport à un.e cadre supérieur.e). Oubli profondément malhonnête, car ce sont en réalité celles et ceux qui vont vivre dix années de moins qui vont payer pour celles et ceux qui vont vivre dix années de plus. Le gouvernement parle de réforme « juste » et « universelle » car chacun.e serait en principe logé.e à la même enseigne. Mais la justice, c’est que la pénibilité soit complétement prise en compte. La justice, c’est de partir plus tôt quand on a été abîmé.e par le travail.

Les effets de cette réforme, si elle était adoptée, seraient également catastrophiques pour les femmes. En Suède, pays qui a mis en place la retraite à points en 2001, 92% des femmes ont ainsi vu leurs retraites baisser. En France, une étude de l’Institut de la protection sociale (IPS) publiée fin novembre a ainsi démontré qu’avec le nouvel âge pivot à 64 ans, les mères de famille ayant travaillé 38 années perdraient en moyenne 9 % de pension si elles ont un enfant, 17 % si elles ont deux enfants, voire 19 % si elles ont trois enfants.

Faute d’arguments de fond, le gouvernement tente de réduire la mobilisation à quelques soubresauts corporatistes pour la défense de régimes spéciaux, ou encore – quelles belles méthodes ! – de décrédibiliser la démarche de celles et ceux qui appellent à manifester sous prétexte que le RN y sera présent.

Mais nous ne sommes pas dupes. Toutes ces initiatives, tous ces mouvements convergent pour refuser le projet mortifère d’un gouvernement qui veut monter les plus faibles les un.e.s contre les autres, afin de favoriser toujours les mêmes, celles et ceux qui ont le plus.

Après la suppression de l’impôt sur la fortune (ISF), la mise en place de la « flat tax », les économies faites sur le dos des chômeurs et des chômeuses, le refus d’augmenter les salaires des enseignant.e.s ou encore des personnels hospitaliers, le mouvement des gilets jaunes… On aurait pu penser que le gouvernement s’arrêterait là. « Cela va finir par se voir », aurait-il pu se souffler en conseil des ministres ou en réunion interministérielle. Que nenni, voici la réforme des retraites !

Demain, et, espérons-le, tous les jours qui suivront, ce sera bien de solidarité et de justice sociale dont il s’agira. Et nous devrons être le plus nombreuses et nombreux pour défendre notre modèle social !