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La laïcité et l’égalité femmes-hommes méritent mieux que des caricatures

Publié le mercredi 25 janvier 2017

« Le président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, Stéphane Troussel, défend Benoît Hamon contre les attaques de Manuel Valls qui mettent à mal, selon lui, la cohésion de la gauche et, au final, celle du pays tout entier »

A partir d’un combat nécessaire et partagé contre le communautarisme et l’intégrisme religieux, Manuel Valls et certains de ses soutiens se sont lancés dans une caricature brutale de la laïcité. Ce sont assurément les symptômes d’une fébrilité qui ne manque pas d’étonner de la part de celui qui a fait de son expérience de Premier ministre son principal argument. Mais cela écœure quand ce mauvais procès intenté à Benoît Hamon s’appuie en fait en réalité sur une caricature des quartiers populaires et de leurs élus. Il y a pour moi urgence à déconstruire deux idées erronées.

D’abord la laïcité que Benoît Hamon défend est bien celle de la loi de 1905. Celle qui sépare l’Etat de l’Eglise, et garantit à chacun la liberté de culte. Celle qui cantonne les affaires de foi à la sphère privée mais qui n’est pas non plus un glaive pour pourfendre les religions, et encore moins une en particulier. Elle est un pilier de notre modèle républicain, une protection du collectif et des individus qui doit toujours être défendue. Elle n’est pas un principe qui varie au fil des campagnes électorales et un outil pour pointer tel ou tel groupe de concitoyens.

Respect des identités

Or, encore une fois, nous est imposée une image des quartiers populaires, de ses habitants, de ses élus qui fait mal à la gauche et mal à la France. Je n’y reconnais pas la Seine-Saint-Denis. Les cultes y cohabitent dans la paix, le respect de la loi républicaine et même l’échange. Je n’y reconnais pas la laïcité que nous pratiquons dans mon département, celle qui défend mais qui n’exclue pas dans le respect des identités de chacun. On peut défendre fermement la laïcité et combattre les communautarismes sans sombrer dans la paranoïa identitaire.

Deuxième caricature insupportable, par ses positions, Benoît Hamon délaisserait le combat pour l’égalité femmes-hommes. On en rirait presque si cela n’était pas un sujet grave. Le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes ne se réduit pas à une polémique malvenue sur le burkini. Il est celui de l’émancipation des individus et de la recherche de l’égalité : la défense de la parité, l’égalité réelle dans tous les domaines, notamment au travail, ou la lutte contre les propos sexistes.

Sérénité et sérieux

Et nos quartiers populaires ne sauraient être là non plus réduits à des caricatures. En Seine-Saint-Denis les sportives, les entrepreneures, les artistes, les éducatrices sont les plus innovantes, les plus solidaires, les plus excellentes. C’est grâce à la mobilisation des élus locaux de gauche qu’est née la Maison des femmes que Manuel Valls visitait mardi matin. Mais aussi, l’Observatoire des violences faites aux femmes du conseil départemental dont les actions sous le quinquennat de François Hollande ont été si reconnues qu’elles ont été nationalisées.

J’appelle donc à cesser les caricatures qu’aucune campagne ne justifie et qui mettent à mal la cohésion de la gauche et, au final, celle du pays tout entier. La laïcité et le combat pour l’égalité entre les femmes et les hommes méritent plus de sérénité et de sérieux. Les quartiers populaires, ceux de la Seine-Saint-Denis en particulier, ont plus de solutions à proposer que de leçons à recevoir.

Tribune publiée sur Libération.fr