Stephane Troussel, président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis, le 15 septembre 2016. - SIPA

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Paris 2024 : « Les Jeux Olympiques seraient un accélérateur de transformations pour la Seine-Saint-Denis »

Publié le lundi 14 novembre 2016

Paris 2024 est à Doha cette semaine pour présenter sa candidature à l’assemblée générale de l’Association des comités olympiques nationaux. Sur le site Internet du comité olympique français, l’événement est dans les dates clés à retenir d’ici l’élection de la ville hôte le 198 septembre 2017 à Lima (Pérou). Et pour cause, c’est la première présentation officielle du dossier de candidature devant des membres du CIO. Stéphane Troussel, président du conseil départemental de Seine-Saint-Denis, ne sera pas à Doha mais sera très attentif aux impressions de la délégation française. C’est que son département joue très gros dans cette candidature olympique. Rencontre.

Lorsqu’il aborde le sujet, le comité départemental du tourisme du 93 parle toujours de la candidature de Paris et de la Seine-Saint-Denis au JO 2024. Cette précision vous semble aussi importante ?

Nous ne rivaliserons pas avec la marque « Paris ». Mais si on regarde le dossier de candidature, Paris 2024 mise beaucoup sur la Seine-Saint-Denis. Le stade de France accueillerait les cérémonies d’ouverture et de clôture mais aussi les épreuves d’athlétisme. La natation se jouera aussi chez nous. Soit dans la future piscine olympique, soit à la piscine de Marville, à La Courneuve, pour le waterpolo. Le badminton, le volley-ball et le tir se dérouleront, quant à eux, dans des pavillons provisoires au Bourget. Voilà pour les épreuves. Il faut ajouter aussi le village des athlètes, prévu sur l’Ile-Saint-Denis, et le village média au Bourget.

A-t-il fallu faire du lobbying pour obtenir un tel traitement de faveur ?

Nous avons créé en janvier une mission interne dédiée aux Jeux olympiques et paralympiques. Avec à sa tête mon ancien directeur de cabinet. Cela dit bien l’importance que cette mission a à mes yeux. Pour autant, nous n’avons pas eu à convaincre Anne Hidalgo. Très vite, elle a développé l’idée de construire la candidature autour d’un axe fort Paris-Seine-Saint-Denis. La Seine-Saint-Denis a des atouts indéniables. Une population très jeune et diverses, mais aussi des terrains disponibles, deux aéroports d’affaires internationaux, un tiers des futures gares du Grand Paris Express et de plus en plus de grands groupes. Générali, la SNCF, Orange, SFR se sont installés en Seine-Saint-Denis. Il y aura bientôt Veolia, la Banque de France…

Qu’attendez-vous alors de ces JO ?

Ces Jeux olympiques seraient un accélérateur de bon nombre de transformations pour notre département. Si Paris obtient les JO, personne ne pensera à remettre en cause le Grand Paris Express et les prolongements de lignes. Tout devra être prêt même pour 2024. L’héritage aussi serait important pour notre département. Le village olympique laissera place à 5.000 logements, le village média à 1.500. Et puis, on parle 10 milliards d’euros de retombées économiques et de près de 3 milliards d’investissements, moitié privé-moitié public. J’ai du mal à imaginer que la Seine-Saint-Denis, ses PME notamment, n’en profitent pas.

Et si Paris n’obtient pas ces JO ?

C’est la force de notre candidature. Le seul équipement lié exclusivement aux JO est la piscine olympique. Et encore, rien ne dit que ce projet soit abandonné. La France a besoin d’une grande piscine olympique pour accueillir des compétitions internationales. Quant aux autres chantiers, ils doivent se faire de toute façon. Que ce soit les lignes du Grand Paris Express ou la construction de logements au Bourget ou sur l’ile-Saint-Denis. Quoi qu’il en soit, l’avenir du Grand Paris se joue en Seine-Saint-Denis. Il n’y a plus grand monde pour voir notre département que sur son aspect négatif. En 2013, le directeur à l’époque de Defacto [l’établissement public qui gère le quartier d’affaires de La Défense] disait aux Echos ne pas craindre la concurrence de la Seine-Saint-Denis. C’était le titre de l’interview. C’est déjà un aveux : à une époque, la question ne se posait même pas !

Fabrice Pouliquen
(article publié sur le site de 20 Minutes)