Piétonisation des voies sur berges : une étape pour mieux respirer à Paris et en banlieue
Publié le mercredi 14 septembre 2016
La maire de Paris, Anne Hidalgo, veut interdire définitivement la circulation sur les berges de Seine rive droite. Stéphane Troussel, Président du conseil général de la Seine-Saint-Denis, la soutient dans sa démarche. Il voit dans l’initiative de la maire « une chance pour les Parisiens », mais surtout, « une chance pour les habitants de la Seine-Saint-Denis et de toute la métropole. »
6.600 décès par an liés à la pollution de l’air et deux ans d’espérance de vie en moins. Ces chiffres éloquents concernent l’ensemble de la Métropole. « Ne rien faire, c’est se rendre coupable de non-assistance à personne en danger » affirment les pneumologues.
L’urgence à agir pour améliorer la qualité de l’air dans l’ensemble du Grand Paris n’est plus à démontrer. Il faut placer ce débat à la hauteur de l’enjeu qu’il soulève : celui de la construction d’une politique publique locale cohérente de transition écologique.
Les collectivités doivent agir, et Anne Hidalgo a raison. Le choix politique fort porté par la maire de Paris et sa majorité est une chance. C’est une chance pour les Parisiens. C’est une chance pour les habitants de la Seine-Saint-Denis et de toute la métropole.
Ne pas faire l’autruche
Une telle politique publique ne peut pas être abordée par le petit bout de la lorgnette. C’est un projet urbain qui, presque un an après les engagements de la COP21, esquisse le chemin de la transition énergétique.
Il réclame du courage, de la vérité et de l’anticipation.La confrontation que certains instrumentalisent entre les parisiens et les « banlieusards » est factice. Elle masque mal la défense d’intérêts particuliers : ce sont les mêmes qui ont parfois freiné les projets de transports collectifs, comme les tramways ; ce sont les mêmes qui toujours défendent les petits et grands privilèges d’un ouest plus favorisé; ce sont les mêmes qui ont réduit ou supprimé les crédits à Airparif.
À l’heure de la construction métropolitaine et face aux enjeux de santé publique, je préfère réfléchir aux nouvelles mobilités, au maillage territorial des transports collectifs ou à l’effacement des ruptures réelles et symboliques entre Paris et la petite couronne. Nos enfants et nos petits enfants ne nous pardonneraient pas d’avoir fait l’autruche considérant que les difficultés venaient de chez le voisin.
Apaiser la circulation
Président d’un département populaire où il reste encore beaucoup à faire, je ne me rangerai jamais derrière la bannière de ceux qui, en réalité, ne défendent que le statu quo. En Seine-Saint-Denis, les enjeux liés à la transition écologique et à la pollution de l’air, notamment aux abords des grands axes routiers, sont plus forts que partout ailleurs.
Réussir la transition écologique, ce n’est pas seulement signer des accords comme à la COP21. C’est aussi les mettre en œuvre concrètement et localement. Ce travail est déjà à l’œuvre par le rattrapage des retards d’accès aux transports en commun en Seine Saint-Denis, par l’extension d’autolib et de vélib.
Il nous faut aller plus loin, par exemple en travaillant avec Paris à la transformation du périphérique en boulevard urbain. Mais aussi en réaménageant les grandes balafres que sont trop souvent les autoroutes et les nationales qui traversent nos villes : A1, A3, A4, A86, RN2, RN3 en Seine-Saint-Denis.
La circulation doit y être apaisée, les véhicules les plus polluants progressivement remplacés et le recours aux modes doux de circulation favorisés.
Accès gratuit aux espaces de loisir
J’ai engagé ma collectivité dans un plan de développement des mobilités durables sur les routes départementales et je vais proposer de redonner un nouveau souffle aux grands parcs départementaux en y investissant fortement. L’objectif est double : améliorer le cadre de vie des habitants et répondre aux grandes mutations territoriales qui s’engagent.
A ce titre, la piétonisation des voies sur berge n’est pas une lubie écolo-parisienne, comme le prétendent certains, c’est un projet de reconquête des espaces publics, c’est le projet d’une ville durable pour les habitants de toute la métropole.
Le succès de Paris plage ne se mesure pas seulement au nombre de parisiens ou de touristes qui s’y rendent, mais aussi au nombre d’habitants des départements limitrophes qui en bénéficient. Ce nouveau projet de piétonisation est aussi celui de l’accès gratuit à des espaces de loisirs, de partage, de sport ou de culture.
La ville capitale est dans le cœur de tous les franciliens qui y travaillent, y flânent, y consomment. Ce débat est donc l’affaire de tous ceux qui veulent construire un Grand Paris respectueux du bien-être de ses habitants.
> A lire sur Le Plus / Nouvel Obs
Édité par Julia Mourri / Auteur parrainé par Hélène Decommer
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