Le 93 refuse de jouer les bouc émissaires sur les emplois d’avenir
Publié le mercredi 29 mai 2013
C’est une véritable bronca qu’ont soulevé les propos de l’entourage de Michel Sapin sur le retard pris dans la mise en place des emplois d’avenir dans le « 9–3 ». Le ministère du travail avait expliqué au Monde, mardi 28 mai, qu’il « fait face à un énorme problème dans ce département ». Ajoutant que « les missions locales fonctionnent mal et les collectivités ne font pas assez d’effort ». En clair, la Seine-Saint-Denis traînerait des pieds dans l’application d’une des mesures phare du programme de François Hollande, ciblée sur les jeunes non qualifiés. Les services de M. Sapin s’appuyaient sur les chiffres départementaux d’emplois d’avenir, qui comptent 165 contrats signés fin avril, sur les 2 754 prévus pour l’ensemble de l’année pour le département, soit moins de 6 % du total.« Je suis surpris de cette charge sans nuance », s’agace Stéphane Troussel, président PS du conseil général, qui a aussitôt publié un communiqué intitulé « une nécessaire mise au point ». « Si les collectivités locales n’en font pas plus ici, c’est qu’elles ne savent pas comment elles vont boucler leur budget pas parce qu’elles se foutent des jeunes des quartiers !, renchérit Patrick Vassalo, adjoint au maire PCF de Saint-Denis. Quand elles ont un peu de marge, les mairies cherchent d’abord à résorber la précarité de leur personnel.«
INJONCTION CONTRADICTOIRE DE L’ETAT
La charge du ministère de l’emploi passe d’autant plus mal que les collectivités locales séquano-dyonisiennes expliquent qu’elles sont prises dans une injonction contradictoire de la part de l’État : le gouvernement les a enjoints à baisser leur budget de fonctionnement tout en leur demandant de s’engager sur des embauches. « Les deux départements ayant signé le moins d’emplois d’avenir sont la Seine-Saint-Denis et la Réunion, soit les deux départements les plus pauvres et les plus jeunes. C’est trop facile de stigmatiser quand on est face à des collectivités locales fragilisées ayant les populations les plus fragiles ! » insiste M. Troussel, qui précise que le conseil général a annoncé le projet de 50 contrats en interne et l’impulsion de 100 autres dans un appel à projet auprès des associations.
Les mairies, bailleurs et autres collectivités locales du département ont l’impression d’avoir joué le jeu mais la conclusion des contrats prend plus de temps sur leur territoire. Le secteur associatif y est plus morcelé qu’ailleurs et plus fragile financièrement. « Quand on a écrit aux 150 associations du secteur de Saint-Denis/Pierrefitte, seules 15 sont venues. Pour embaucher, il faut trouver des employeurs. Les associations n’arrivent pas à boucler leur budget alors embaucher… », raconte M. Vassalo, qui est aussi vice-président de l’Union nationale des missions locales.
DÉPARTEMENT ENDETTÉ
La comparaison avec d’autres départements plus « riches » de l’Île-de-France ne semble pourtant pas aussi négative pour le 93. Ainsi, alors qu’au 18 mai, le département avait signé 178 emplois d’avenir, Paris en avait 184 et les Hauts-de-Seine 179… Les acteurs soulignent qu’ils vont continuer à se mobiliser mais que cela prend du temps. « Il ne faut pas chipoter sur ce département déjà endetté alors que le dispositif ne marche pas, note un haut fonctionnaire. Les entreprises publiques comme la RATP, la SNCF ou les hôpitaux qui devaient embaucher ne l’ont pas fait non plus. »
SYLVIA ZAPPI
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