Discours

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Voeux 2023, merci à toutes et tous !

Publié le lundi 23 janvier 2023

Vous étiez nombreuses et nombreux hier au gymnase El Ouafi pour participer aux traditionnels voeux, après 2 ans d’interruption. Retrouvez ici le discours que j’ai eu le plaisir de prononcer à cette occasion.

Mesdames et Messieurs,

Chères habitantes et habitants de la Seine-Saint-Denis,

Chères Courneuviennes et Courneuviens,

Chers amis,

Je veux saluer chaleureusement les élus présents aujourd’hui notamment les Maires de Seine-Saint-Denis et notre nouvelle députée de Seine-Saint-Denis, Fatiha Keloua Hachi.

Deux ans ! Deux ans d’affilée que nous n’avons pas pu organiser ce moment convivial, chaleureux, auquel je tiens tant. La faute, vous l’aurez compris, à ce maudit virus. Alors, c’est pour moi un immense plaisir de vous retrouver aujourd’hui, à l’occasion de ces vœux à la Courneuve, qui prennent une saveur particulière.


Bien sûr, nous ne nous sommes pas perdus de vue tout ce temps. Dans une période particulièrement tumultueuse, difficile, nous avons continué à agir ensemble, pour notre ville, pour notre département, au service de ses habitantes et habitants. Nos engagements respectifs, nos vies, n’ont jamais cessé de se croiser. Mais c’est toujours pour moi une grande joie de voir rassemblés tant d’amis et camarades, tant de visages familiers, de sourires bienveillants, et aussi voir de nouvelles personnes nous rejoindre. Avec un dénominateur commun : l’attachement profond qui nous lie à notre ville, à notre Seine-Saint-Denis.

Une ville, La Courneuve, dont vous connaissez le lien puissant qui m’y rattache.

Merci à Oumarou Doucouré, 1er adjoint à La Courneuve, pour ses mots gentils à mon endroit.

Merci pour ton engagement sans faille, ton investissement de tous les instants dans notre ville, qui puise sa force dans ta combativité, ta volonté, ta générosité.

Merci également à Zaïnaba Saïd-Anzum, conseillère départementale à mes côtés et chargée des sports au département, qui, aux responsabilités qui sont les siennes, abat un travail remarquable pour favoriser, démocratiser, l’accès pour toutes et tous au sport en Seine-Saint-Denis.

Alors, je ne vous apprends rien : l’année 2023 s’ouvre dans un climat lourd d’incertitudes, d’inquiétudes, en particulier pour celles et ceux qui peinent à joindre les deux bouts, à surmonter les fins de mois.

La flambée des prix de l’énergie, un panier de courses toujours plus cher, la guerre en Ukraine qui s’enlise, les services publics qui prennent l’eau, le gouvernement qui poursuit ses lubies libérales et dont les conséquences sont très brutales, comme cette réforme des retraites profondément injuste.

A cette situation, sur laquelle je reviendrai, s’ajoute aussi un poison plus lent, plus insidieux, plus ravageur pour la cohésion de notre société. Un poison qui a de plus en plus de tribunes pour se répandre, qui se libère de manière de plus en plus décomplexée, qui semble gagner une partie croissante de nos élites : je veux parler du racisme.

Je veux le dire car l’année d’élections qui s’est achevée a aussi vu une longue séquence d’hystérisation des débats autour des questions identitaires, un déversement de propos haineux, qui a visé à plusieurs reprises les habitants de Seine-Saint-Denis, un flot de caricatures, de stigmatisations, relayé par certains médias complaisants, sans que cela ne soulève bien souvent de vives réactions.

C’est là le péril qui nous menace : la banalisation de ces idées. Nous en avons eu plusieurs illustrations récemment. C’est le silence assourdissant qui a accompagné les déclarations délirantes de l’écrivain Michel Houellebecq dans la revue – mal nommée – « Front Populaire ». Son appel à chasser – à chasser-  tout bonnement les musulmans est quasiment passée inaperçu !

C’est également la polémique absurde provoquée par une interview d’Omar Sy, avec une phrase pourtant irréprochable, anodine, mais totalement travestie pour instruire son procès. Derrière, nous savons bien de quoi il est question. Omar Sy est attaqué non pas pour ce qu’il dit mais pour ce qu’il est, pour ce qu’il représente et qui sera toujours pour certains entouré d’un halo de soupçon : un Français, noir, musulman, issu de l’immigration.

Alors, nous ne devons pas céder un pouce à ces gens qui ont une vision étriquée, rabougrie de notre pays, qui cherchent tout simplement à monter les Français les uns contre les autres, qui ne défendent pas la France que nous aimons, celle qui tire sa grandeur de son universalisme républicain.

Oui, la France est diverse, métissée, elle a aussi le beau visage multiple de la Seine-Saint-Denis.

Et si besoin, nous leur rappellerons l’histoire. Ont-ils oublié le sacrifice des tirailleurs sénégalais en 1914 à Verdun, la bravoure des combattants musulmans, venus du Maroc, d’Algérie, d’Afrique, pour libérer la France de l’occupation nazie en 1944 à Monte Cassino ?

Ce lourd tribut payé par ces soldats issus des colonies n’a pas été assez reconnu par la République. Pourquoi ne pas faire entrer un de ces soldats au panthéon ? Au-delà du symbole fort, ce serait aussi une mise en lumière formidable de cette page d’histoire trop méconnue et qui pourtant dit beaucoup de notre passé en commun, de notre communauté de destin. Nous affirmerions alors notre histoire fièrement plutôt que de laisser des révisionnistes prospérer.

Ce combat contre les discriminations, il est particulièrement important en Seine-Saint-Denis, où beaucoup de nos habitants, de nos jeunes, vivent dans leur chair, dans leur quotidien, les manifestations concrètes de ces préjugés : contrôle au faciès, discrimination au logement ou au travail. Alors, sans verser dans la complainte victimaire, jamais nous ne faiblirons dans cette lutte !

Il y a un autre combat qu’il est particulièrement important de porter ici, dans un territoire populaire comme le nôtre : c’est celui contre la réforme des retraites.

Disons-le, la population de Seine-Saint-Denis va en payer le prix fort. Parce que cette réforme va frapper de plein fouet les catégories populaires et moyennes qui ont commencé à travailler tôt, qui ont des métiers plus pénibles, qui passent par la case précarité avant d’arriver à la retraite et qui vont voir leur calvaire se prolonger.

Cette réforme, elle va aussi et surtout être brutale pour les femmes, celles qui ont eu des enfants, aux carrières plus hachées, qui sont déjà les grandes perdantes du système et dont la situation va s’aggraver.

Souvenons-nous : c’est ici, en Seine-Saint-Denis, que l’on a trouvé pendant la crise sanitaire beaucoup de ces métiers mal rémunérés, mal reconnus, et qui ont pourtant continué à faire tourner le pays : caissières, auxiliaires de vie, femmes de ménage, livreurs ou encore manutentionnaires. Hier nous les applaudissions, demain ils devront partir plus tard à la retraite !

Alors, le gouvernement multiplie ces derniers jours les éléments de langage pour repeindre sa réforme, il noie le poisson, nous embrouille avec des détails techniques, nous parle de prétendues avancées.

Mais, les Français ne sont pas dupes. Ils rejettent massivement la réforme : 80% de la population est opposé au recul de l’âge légal de départ à 64 ans. Alors, pourquoi une telle réforme ? Pourquoi passer en force ? alors que près de 2 millions de gens se sont rassemblés dans les rues de France le 19 janvier dernier

On nous rabâche le sempiternel refrain, la ritournelle entonnée bien souvent par ceux qui n’ont jamais exercé de métier pénible : « Nous vivons plus vieux donc nous devons travailler plus ! ». C’est oublier que l’espérance de vie en bonne santé stagne depuis 10 ans, que l’écart d’espérance de vie entre un cadre et un ouvrier est de 7 ans.

On nous dit aussi : « notre système de retraite est en faillite ». C’est un mensonge ! Il est même excédentaire cette année. Les déficits attendus dans les prochaines années, et encore manière hypothétique, sont temporaires et très légers : 3% des dépenses de retraites. Il n’y a pas le feu au lac, et rien d’insurmontable. Car d’autres solutions plus justes, plus équitables existent.

Ce n’est donc pas un choix de saine gestion budgétaire. C’est un choix purement politique du gouvernement :

Faire des économies sur le dos des retraités, des plus modestes, des femmes, et ce pour financer ses baisses d’impôts aux entreprises. Des cadeaux fiscaux qui profitent surtout aux grands groupes : 80 milliards d’euros de dividendes versés par le CAC40 en 2022. Un record, du jamais-vu, alors que nos artisans, nos boulangers, nos PME tirent la langue avec la hausse des prix de l’électricité.

Mais allons plus loin : cette réforme est davantage qu’un choix politique, c’est un choix idéologique qui engage le modèle de société dans lequel nous voulons vivre. Quelle place donnons-nous à cette « troisième vie » après le travail ? Sommes-nous uniquement des êtres qui se définissent par leur aptitude à produire, à consommer ? Ou souhaitons-nous préserver ce temps libéré du travail, après une vie de labeur, pour nous occuper de nos petits-enfants, cuisiner avec eux, s’engager dans son club de foot, donner un coup de main à une association ?

Cette lutte pour gagner du temps de vie sur le temps de production a toujours été le moteur du progrès social. Elle est aussi indissociable des combats de la gauche : les congés payés, la semaine de 40 heures, la retraites à 60 ans ou encore les 39 heures puis les 35 heures.

Et ces conquêtes, n’oublions pas que la gauche les a toujours obtenues dans un mouvement d’unité, du front populaire à la gauche plurielle, en passant par le programme commun. C’est pourquoi la gauche aujourd’hui fait bloc contre ce projet de réforme des retraites. Et c’est pourquoi elle doit rester unie.

Regardons en face la situation actuelle, avec lucidité : sans union à gauche, c’est la défaite assurée. Et un boulevard laissé à l’extrême-droite comme seule alternative au pouvoir en place.

C’est mathématique. Il y a trois blocs en France : un bloc autoritaire, un bloc libéral et un bloc à gauche, qui représentent 30% pour les deux premiers et même un peu moins pour le dernier. Le calcul est simple : l’éparpillement, c’est à terme l’effacement de la gauche.

Je refuse pour ma part que le pays n’ait le choix à nouveau qu’entre le statu quo macroniste libéral et dévastateur et l’extrême droite qui se nourrit de cette dévastation. C’est la raison pour laquelle nous devons, j’en ai la conviction, poursuivre le chemin entamé par la NUPES. Cet accord ne signifie pas que les rapports à l’intérieur y sont figés pour l’éternité, qu’il doit être mis en application pour toutes les élections. Mais il nous situe résolument dans une perspective d’union, horizon indépassable si nous voulons être une gauche de gouvernement et non une gauche de témoignage.

Alors, les plus assidus de nos militants ont regardé les résultats du congrès des socialistes qui se clôturera dans une semaine à Marseille. Ils se désespèrent devant l’attitude de certains et les petites quelles. Il est urgent de se ressaisir.

Nous, qui avons choisi, ici en Seine-Saint-Denis, avec fierté de reconduire Olivier Faure à la tête du Parti socialiste, parce que nous ressentions, dans nos cœurs de militants, que nous commencions à sortir la tête de l’eau.

Car, qu’il est beau le Parti socialiste quand il manifeste hier aux côtés des syndicats unis, des formations politiques de gauche unis, de tous ces salariés du privé comme du public, de ces jeunes inquiets pour leur avenir, nous avons envie de ce Parti. Pas de celui qui se repli, qui n’assume pas les errements du mandat de François Hollande.

Je le dis aujourd’hui, je n’accepterai pas que les militants et militantes socialistes de la Seine-Saint-Denis et en particulier de La Courneuve soient stigmatisés. Car en faisant cela, en pointant du doigt ces militants, on laisse penser, sournoisement, que le Parti socialiste ne leur appartient pas, qu’ils doivent encore montrer patte blanche.

Je veux vous dire, ici, au contraire, pour ceux qui ne sont pas adhérents d’un parti, d’une association, d’un syndicat : vous êtes les bienvenus, vous qui représentez ce pays, dans sa diversité sociale, culturelle, nous avons besoin de vous car vous êtes aussi les garants des valeurs socialistes. Celles qui n’oublient pas la tâche historique de la Gauche : transformer la société, abolir l’ordre établi.

L’engagement politique, a fortiori à gauche, ce n’est pas gérer une rente électorale, entretenir une boutique partisane.

C’est arriver aux responsabilités pour changer la vie des gens, incarner une rupture pour répondre aux défis immenses qui se posent nous. 

L’un des premiers, c’est la répartition des richesses et les inégalités majeures qu’elle produit. Vous avez peut-être vu passer récemment les chiffres indécents du dernier rapport de l’association Oxfam. La richesse des 42 milliardaires français s’est accrue de 200 milliards d’euros depuis 2020, alors que nous sommes censés être en crise ! C’est tellement vertigineux qu’ici en Seine-Saint-Denis, on n’arrive même pas à imaginer ce que cela représente pour nos vies. Si nous allions regarder de ce côté, plutôt que faire les poches des femmes qui vont partir à la retraite ? Le groupe socialiste déposera d’ailleurs prochainement une proposition de loi à l’Assemblée pour taxer les superprofits.

L’autre défi, colossal, est celui du dérèglement climatique. L’année 2022 a aussi vu l’enchaînement des catastrophes naturelles : incendies, canicule, hiver très doux, inondations. L’heure n’est plus aux demi-mesures : c’est une profonde bifurcation de notre modèle qu’il faut engager.

Face à ces défis, d’une justice sociale et environnementale, la gauche doit gagner. Et pour cela, il faut qu’elle soit unie.

Gagner avec une gauche rassemblée, c’est ce que nous avons fait lors des élections départementales de 2021. Je tiens à remercier ici les habitantes et les habitants qui nous ont renouvelé leur confiance.

Nous allons poursuivre notre travail pour une Seine-Saint-Denis plus juste, plus solidaire, plus agréable à vivre.

L’urgence, dans ce contexte de hausse des prix, est de nous tenir aux côtés de celles et ceux qui ont besoin de nous.  Avec le Département de la Seine-Saint-Denis, nous assumons pleinement notre rôle de bouclier social : le gel des tarifs de cantine dans nos 130 collèges, le chèque réussite de 200€ versé à chaque famille pour les sixièmes, le Pass Sport pour les inscriptions sportives des élèves de cinquième, les aides sociales pour les plus vulnérables. En tout, ce sont 46 millions d’euros que nous allons consacrer en 2023 au soutien direct à la population, des aides qui viennent renforcer celles des communes engagées, comme ici à la Courneuve.

Mais nous préparons aussi l’avenir. Ce sont plusieurs centaines de millions d’euros d’investissement que nous allons consacrer à la bifurcation écologique, pour améliorer le cadre de vie, rendre notre territoire plus vert, plus équilibré, plus apaisé. Parce que l’écologie n’est pas qu’une affaire de « bobo ». Dans un territoire aussi populaire, aussi dense, et aussi urbanisé que la Seine-Saint-Denis, elle rime souvent avec justice sociale quand il est question de mieux respirer, de mieux manger, de mieux se chauffer.

L’avenir, c’est enfin les grandes transformations que va connaître la Seine-Saint-Denis dans la prochaine décennie : les Jeux Olympiques et Paralympiques – Zaïnaba en a parlés -, le métro du Grand Paris Express, avec 1/3 des gares qui seront en Seine-Saint-Denis, les grandes opérations de rénovation urbaine, les grands équipements publics qui vont voir le jour… Comme ici à la Courneuve avec la piscine de Marville ou l’agrandissement du parc G.Valbon à Dugny-La Courneuve.

Je pense aussi à la formidable vitalité culturelle qui nous permet de présenter la candidature de la Ville de St Denis et de la Seine-Saint-Denis pour être capitale européenne de la culture. Nous allons accueillir le monde dès cette année avec la coupe du monde de rugby, en 2024 avec les JOP et peut être en 2028 en étant capitale européenne de la culture !

Aucun autre territoire en France ne verra quelque chose de semblable. Notre ville, la Courneuve, est au cœur de ces transformations et je sais que l’équipe municipale – avec Gilles Poux, le maire, avec Oumarou Doucouré, son 1er adjoint- et l’ensemble des élus sont au travail pour que ces transformations profitent aux habitants et habitantes.

Car, oui, c’est le principal défi pour nous en Seine-Saint-Denis : ces grands changements doivent profiter à l’ensemble des habitants, dans une dimension à la fois collective et individuelle, pour réduire les fractures du territoire, pour répondre aux enjeux écologiques. C’est ce pour quoi je me bats inlassablement comme  Président du Département.

Je vais conclure en vous disant que nous avons ici une responsabilité particulière : la voix de la Seine-Saint-Denis compte à l’échelle du pays, bien au-delà des banlieues populaires, partout où la question des injustices et des inégalités se pose. Cette responsabilité, elle nous engage et elle nous donne le supplément d’âme pour encore et toujours agir.

Là-dessus, vous pouvez compter sur moi, vous pouvez compter sur nous en 2023 et au-delà, pour continuer à vous représenter avec combativité, respect et humilité.

Alors, pour finir vraiment cette fois, je vous renouvelle à chacune et chacun de vous tous mes vœux de santé, de bonheur et de réussite, pour vous et pour vos proches !