Toxicomanes Porte de La Villette : lettre ouverte des élu·e·s de la Seine-Saint-Denis au Premier ministre
Publié le mardi 28 septembre 2021
Avec d’autres élu·e·s de la Seine-Saint-Denis, des parlementaires et des maires, de gauche comme de droite, nous avons adressé ce mardi matin une lettre ouverte au Premier ministre pour l’alerter sur la situation Porte de La Villette, et demander des solutions afin de mettre fin au plus vite à cette situation insupportable tant pour les riverain·e·s que pour les usager·e·s de drogues. Voici le courrier que nous leur avons adressé.
Monsieur le Premier Ministre,
Vendredi 24 septembre au matin, nous avons été informés avec stupéfaction qu’une opération de police était menée par la Préfecture de Police de Paris, sur ordre du Ministère de l’Intérieur, dans le but de déplacer un grand nombre de personnes toxicomanes situées dans les 18ème et 19ème arrondissements vers la Place Auguste Baron, Porte de La Villette, à quelques dizaines de mètres de la Seine–Saint–Denis et des villes d’Aubervilliers et de Pantin.
Il est inacceptable qu’une telle décision soit prise dans la précipitation et sans concertation, plaçant les élus et les habitants devant un insupportable fait accompli.
Si nous comprenons que les fortes nuisances vécues par les riverains aux alentours du jardin d’Eole et de la rue Riquet appelaient une réponse prompte, nous condamnons fermement le choix qui a été fait par M. le Ministre de l’Intérieur et le Préfet de Police de Paris de déplacer le problème vers la Seine–Saint–Denis – comme c’est malheureusement trop souvent le cas – au plus grand mépris de ses habitants qui ont tout autant droit à la sérénité que les autres.
Contrairement à l’argument invoqué par le Ministère de l’Intérieur pour justifier cette décision, le lieu choisi pour installer les toxicomanes est à proximité directe d’habitations, plus précisément du quartier des Quatre–Chemins de Pantin etd’Aubervilliers, l’un des quartiers les plus pauvres de France. Il est insupportable d’ajouter de la misère à la misère. La Seine–Saint–Denis ne saurait être en permanence le lieu de concentration de toutes les difficultés en Ile–de–France. Pourquoi avoir choisi cet endroit alors qu’il en existe d’autres, aux configurations similaires, dans l’Ouest parisien par exemple ?
Nous dénonçons également une mesure purement et uniquement d’ordre public, qui ne résout en rien la détresse et l’errance des toxicomanes. Nous assistons ainsi à un nouvel épisode d’une histoire sans fin, qui voit les toxicomanes ballotés d’un endroit à un autre sans qu’aucune solution pérenne de prise en charge médicale et sociale ne soit mise en œuvre. Il est absolument nécessaire d’adosser ces évacuations à des mesures d’accompagnement médico–social, notamment en lien avec les hôpitaux, et à des dispositifs d’hébergement d’urgence.
Or, c’est à l’Etat que revient la charge d’assurer cette réponse d’urgence mais aussi d’être à la manœuvre pour apporter des solutions structurelles à cette problématique d’ordre sanitaire. Les élus locaux sont évidemment prêts à apporter leur contribution et agissent déjà aux côtés des réseaux associatifs et des autorités préfectorales et sanitaires.
Mais, si nous voulons traiter le problème dans l’ensemble de ses composantes et sur le long terme, il est urgent que l’Etat prenne ses responsabilités en lançant un plan de santé global sur cette question.
C’est pourquoi nous vous demandons, Monsieur le Premier ministre, de recevoir les maires de Pantin et d’Aubervilliers ainsi qu’une délégation d’élus concernés, pour ensuite prendre les mesures qui s’imposent
Nous nous tenons à votre disposition pour travailler ensemble à la résolution de ce problème qui n’a que trop duré pour les riverains comme pour les publics toxicomanes.
Nous vous prions de croire, Monsieur le Premier Ministre, à l’assurance de notre respectueuse considération.
SIGNATAIRES
Stéphane Troussel, Président du Département de la Seine–Saint–Denis
Karine Franclet, Maire d’Aubervilliers
Bertrand Kern, Maire de Pantin
Clémentine Autain, Députée
Marie–George Buffet, Députée
Eric Coquerel, Député
Alexis Corbière, Député
Bastien Lachaud, Député
Jean–Christophe Lagarde, Député
Stéphane Peu, Député
Alain Ramadier, Député
Eliane Assassi, Sénatrice
Vincent Capo–Canellas, Sénateur
Gilbert Roger, Sénateur
Patrice Bessac, Président d’Est Ensemble, Maire de Montreuil
Bruno Beschizza, Président de Paris Terres d’Envol, Maire d’Aulnay–sous–Bois
Mathieu Hanotin, Président de Plaine Commune, Maire de Saint–Denis
Laurent Baron, Maire du Pré–Saint–Gervais
Lionel Benharous, Maire des Lilas
Stéphane Blanchet, Maire de Sevran
Jean–Michel Bluteau, Maire de Villemomble
Jean–Baptiste Borsali, Maire du Bourget
Karim Bouamrane, Maire de Saint–Ouen–sur–Seine
Hervé Chevreau, Maire d’Epinay–sur–Seine
François Dechy, Maire de Romainville
Tony Di Martino, Maire de Bagnolet
Dieunor Excellent, Maire de Villetaneuse
Michel Fourcade, Maire de Pierrefitte–sur–Seine
Quentin Gesell, Maire de Dugny
Mohamed Gnabaly, Maire de l’Ile–Saint–Denis
Stephen Hervé, Maire de Bondy
Olivier Klein, Maire de Clichy–sous–Bois
Aude Lagarde, Maire de Drancy
Pierre–Yves Martin, Maire de Livry–Gargan
Gilles Poux, Maire de La Courneuve
Abdel Sadi, Maire de Bobigny
Olivier Sarraberyrouse, Maire de Noisy–le–Sec
Eric Schlegel, Maire de Gournay–sur–Marne
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