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Un plan de relance, et après ?

Publié le lundi 14 septembre 2020

Nous connaissons désormais la teneur du plan de relance du gouvernement. Cent milliards d’euros, assurément, c’est une somme importante qui est mise sur la table.

Sur les milliards annoncés dans son plan de relance, trente seront consacrés à la transition écologique. C’est bien mais, en vertu du « en même temps » devenu la marque de fabrique du gouvernement, n’oublions pas que, pendant la crise, ce dernier a engagé 18 milliards d’aides auprès de secteurs forts consommateurs d’énergie fossile tels que l’automobile et l’aérien, sans réelles contreparties. Il est essentiel que ces aides, et en particulier les baisses d’impôts annoncées, comportent des contreparties sociales et environnementales.

Or pour ce qui est des contreparties sociales, on connaît désormais la proportion de ressources consacrées à la solidarité : 0,8 % du plan total. La lutte contre la grande pauvreté et contre toutes les formes de précarité est pourtant apparue comme une indispensable urgence, en particulier pendant et au sortir de la crise actuelle, laquelle a agi comme un révélateur et un amplificateur des inégalités déjà présentes dans notre société.

Les services publics ont permis, sinon de gommer, du moins d’atténuer ces inégalités qui ont déchiré notre société au plus fort de la crise. Sans les soignantes et les soignants, sans les enseignantes et les enseignants, sans les agentes et les agents de nos collectivités, mobilisé.e.s pour assurer en dépit des difficultés les missions qui étaient les leurs, le tribut que nous payons aujourd’hui serait certainement bien plus lourd encore.

Seulement, point de trace des services publics dans le plan de relance du gouvernement, ou si peu. Miser sur eux aurait pourtant pu être une solution d’avenir. Il aurait fallu investir bien plus dans la santé, assumer d’augmenter les salaires dans la fonction publique. Pour ce qui est de la recherche et de l’enseignement supérieur, qui font l’objet d’un projet de loi dont l’examen a débuté en commission parlementaire la semaine dernière, il y a lieu de regretter que le secteur ne bénéficie pas de la rallonge budgétaire exceptionnelle pourtant bien méritée dans un contexte où l’avenir de notre jeunesse est en jeu.

Parmi la « génération Covid », comme certain.e.s l’appellent, 750 000 jeunes, avec ou sans diplôme, tenteront d’entrer sur le marché du travail cet automne. Elles et ils étaient 550 000 demandeurs et demandeuses d’emploi au mois de juillet, soit 100 000 de plus qu’en février. Le gouvernement, qui a annoncé 6,5 milliards d’euros pour limiter l’impact de la crise sur l’emploi des jeunes, a oublié une solution concrète, que je porte depuis des années et dont on est sûr qu’elle fonctionnerait : l’extension du revenu de solidarité active aux moins de 25 ans, qui aujourd’hui n’en bénéficient pas.

Pour que la génération Covid ne soit pas la « génération sacrifiée », pour lutter contre la grande pauvreté et permettre à la jeunesse de mieux se consacrer à ses études, je plaide pour cette extension du RSA.

Le « monde d’après » que nous sommes de plus en plus nombreuses et nombreux à appeler de nos vœux ne saurait se dessiner de manière aussi lacunaire. La nouvelle vision de long-terme affichée au sommet de l’État ne pourra être saluée que si les dimensions environnementales, sociales et les missions de service public sont mieux prises en compte. En l’occurrence, les oublis sont bien trop nombreux pour que nous puissions nous en réjouir, et pour nous faire renoncer à porter un autre projet de société, plus équilibré et mieux adapté sur l’ensemble des points évoqués.