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Ma tribune dans le HuffPost : en Seine-Saint-Denis, des murs plus hauts et des mesures sécuritaires n’arrêteront pas les violences scolaires

Publié le mercredi 24 avril 2019

Annoncé, reporté, retiré de l’ordre du jour du Conseil des ministres, le plan contre les violences scolaires dont le gouvernement parle depuis des mois n’a toujours pas été dévoilé. Plutôt qu’un énième plan ministériel (le quinzième en trente ans !) qui risquerait de tourner au déballage de mesures démagogiques et/ou gadgets, j’ai voulu parler des solutions que nous mettons déjà en œuvre en Seine-Saint-Denis et qui fonctionnent. Voici la tribune que j’ai publiée dans le HuffPost en ce sens.

S’il est un sujet complexe, à la fois douloureux et sensible, c’est bien celui des violences en milieu scolaire. Chaque ministre ou presque a voulu s’en saisir, par conviction sincère ou opportunisme politique, donnant lieu à une myriade de plans gouvernementaux.

Pour quels résultats?

Et peut-on espérer que le plan de Jean-Michel Blanquer, quinzième du nom en trente ans, soit autre chose qu’un objet de com’, ou un catalogue de mesures démagogiques ?

M. le Ministre, ne cherchez pas la réponse miracle: elle n’existe pas !

Il n’y a pas une réponse miracle ou une mesure radicale qui mettrait un terme, du jour au lendemain, à la violence scolaire. Ces violences sont multiples et par conséquent les réponses doivent l’être tout autant.

En Seine-Saint-Denis, nous sommes parfois confronté.e.s aux situations les plus difficiles. Nous avons donc une certaine expérience, et nous sommes constamment amené.e.s à développer les réponses les plus innovantes.

Je le dis tout net : je réfuterai tout procès en angélisme. Depuis 2010, en Seine-Saint-Denis, nous avons massivement sécurisé les collèges dont nous avons la charge. Tous nos nouveaux collèges sont équipés de double-sas et de caméras de vidéo-protection sur les points d’entrées, et les collèges plus anciens également lorsque cela est techniquement possible.

En responsabilité, je peux néanmoins l’affirmer : je reste persuadé que ce ne sont pas des murs plus hauts, des mesures davantage sécuritaires, ou des écoles transformées en bunkers, dont l’éducation du vingt-et-unième siècle a besoin.

Des solutions existent, elles ne demandent que le soutien de l’État

D’une part, les instances de lutte contre les violences existent déjà dans les collèges. La loi oblige ainsi à la mise en place, dans chaque collège, d’un plan de prévention des violences. Ces instances sont défaillantes faute de moyens opérationnels.

D’autre part, une sanction efficace doit avoir une dimension éducative. Ce serait un comble, dans l’Éducation nationale, que l’on oublie cela. En Seine-Saint-Denis, nous avons mis en place le dispositif ACTE qui permet d’accompagner des collégien.nes renvoyé.es quelques jours, plutôt que de les laisser livré.es à eux-mêmes. Or chaque année, une partie de ces financements au titre de la politique de la Ville est remise en cause par l’État.

Premier Département à avoir lancé un Observatoire des violences envers les femmes, la Seine-Saint-Denis a créé “Jeunes contre le sexisme” à destination des collégien.nes. Une pierre de plus dans la construction d’une culture de l’égalité, dont nous nous évertuons à proposer la généralisation au gouvernement depuis des années, fort.es de la réussite du dispositif.

Mettre en harmonie ces réussites, travailler avec ces acteur.rices de terrain, voilà ce que serait un vrai plan contre les violences.

Un vrai plan contre les violences scolaires, c’est un plan qui s’appuie sur la réalité et pas sur les fantasmes.

Un vrai plan contre les violences scolaires, c’est un plan qui redonne des moyens à la vie scolaire dans les établissements.

Un vrai plan contre les violences scolaires, c’est un plan qui s’appuie sur les dispositifs qui fonctionnent en soutenant les différent.es acteur.rices qui leur donnent vie.

Ce vrai plan contre les violences scolaires, M. le ministre, vos baisses de moyens dans le secondaire l’ont probablement déjà tué dans l’œuf. Vous avez atteint les limites de la doctrine présidentielle du “en même temps”.

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