Changer ou mourir. Rassembler le Parti socialiste et Place publique pour une Europe écologique, démocratique et sociale
Publié le samedi 16 mars 2019
Ce matin, en conseil national du Parti Socialiste, j’ai plaidé pour une liste d’union avec Place publique, en rendant hommage au travail mené par Olivier Faure depuis des mois pour le rassemblement. Alors qu’en France comme en Europe s’installe un match « populistes contre ultralibéraux » dont les citoyen.ne.s ressortiront perdant.e.s, nous n’avons pas le droit de laisser à Macron le progrès, ou à Le Pen la Nation. Nous devons prendre notre responsabilité, même si cela implique de ne pas être en tête de liste. Pour moi, le socialisme, ce ne sont ni les logos ni les sigles, mais que ce sont les idées et les solutions que nous proposons, et nous avons une chance de les faire vivre au travers de la renaissance de la gauche.
Chers camarades, chères camarades,
Depuis des mois, nous sommes nombreuses et nombreux à appeler au rassemblement. Le rassemblement est sur toutes les bouches.
Mais aujourd’hui, le temps n’est plus aux phrases toute faites, aux formules de circonstances. Nous sommes, avec cette première échéance électorale depuis la bérézina de 2017, au pied du mur. Et il n’y aura pas de demi-mesures.
Alors, il y a ceux qui finalement pensent qu’il faudrait faire comme avant, se contenter de recommencer l’histoire avec le Poing et la Rose le plus gros possible et que tout ira bien. Qui nous proposent de sortir de la tranchée en tenant bien haut la bannière pour nous faire dégommer par le camp d’en face, mais qui nous expliquent que notre fierté sera d’avoir notre nom tout en haut du monument aux morts : « tombé pour la gauche au champ d’honneur ! ». Un peu comme si en 1969 et en 1971 à Epinay, le socialisme s’était relevé en écrivant SFIO en gros sur les affiches, plutôt qu’aller chercher sa renaissance au plus profond des courants d’idées et des mouvements politiques et intellectuels qui étaient proches de lui et inspiraient la société d’alors. 2017 n’était pas un simple accident de parcours. Si nous voulons continuer à faire l’Histoire, nous ne devons pas nous contenter de faire comme avant 2017.
Et puis, il y a celles et ceux qui pensent que ce qui compte avant tout dans le socialisme, ce ne sont ni les logos ni les sigles, mais que ce sont les idées et les solutions que nous proposons. Moi, je suis de ceux-là, car il y a 25 ans quand j’ai adhéré au Parti Socialiste, au lendemain d’une défaite électorale sévère, ce n’était pas pour son histoire ou pour la beauté de son logo, mais simplement parce que je pensais que, alors encore première force à gauche, le PS était toujours l’outil politique qui permettrait le mieux de défendre mes convictions et mes idées. Aujourd’hui force est de constater que ce n’est plus le cas et que la renaissance, si elle est encore possible, se fera par un nouveau dépassement, et pas par un recroquevillement. Faire autrement ou mourir, c’est l’alternative.
Les socialistes n’ont pas vocation à être les gardiennes ou les gardiens d’un temple moribond. Et je suis parfois surpris d’entendre certains camarades qui depuis des mois sont dans le navire sans ramer, donnent des leçons au capitaine, critiquent le cap, mais finalement sautent par dessus bord à la première bourrasque.
Disons-le, Olivier Faure a mené depuis des mois le travail du rassemblement. Il est sans doute même l’un des rares, le seul peut-être, à l’avoir mené sincèrement et avoir donné des gages de cette sincérité, et moi, je l’en remercie. Car tous les autres entonnent l’air du rassemblement, mais sur la mélodie du « tous derrière moi ». Certains mêmes, grisés par des sondages mirobolants (pensez donc, 8%, 9%, quel score !), s’en lavent les mains car la gauche n’est apparemment plus leur horizon commun. Ceux-là espèrent peut-être un ou deux points de plus, dans une gauche pulvérisée. La belle affaire. Ils commettent une faute historique, et nous devrions faire pareil ? Le choix que nous propose Olivier, c’est sans doute pour beaucoup un choix douloureux et je le comprends, car il n’y a pas ici celles et ceux qui seraient attachés au socialisme et celles et ceux qui n’en auraient cure. Mais c’est un choix audacieux, un choix courageux et un choix qui ouvre un chemin, escarpé, risqué. Mais il n’y aura pas de dynamique politique et de nouvelle victoire de la gauche sans prise de risque.
Alors qu’en France comme en Europe s’installe un match « populistes contre ultralibéraux » qui sera un match perdant/perdant pour les citoyennes et les citoyens, nous n’avons pas le droit de faire comme avant et de rester sur le banc de touche. Tout simplement parce que nos idées, qui sont bonnes, ne passeraient même pas le mur du son. Et si justement on croit dans nos idées, dans notre modèle social et écologique pour l’Europe, si on croit en la solidité des solutions que nous proposons et que nous mettons en œuvre sur nos territoires, alors nous ne devons pas avoir peur qu’elles disparaissent simplement parce qu’il n’y a pas un socialiste en tête de liste. Ca serait avoir finalement peu de foi dans nos convictions.
Nous n’avons pas le droit de laisser à Macron le progrès, ou à Le Pen la Nation. Car le progrès, si ce n’est pas le progrès humain, est-ce vraiment le progrès ? La Nation, si elle n’est pas une nation ouverte dans une Europe forte, c’est le nationalisme. Et « le nationalisme c’est la guerre » comme disait quelqu’un.
Je le disais, nous sommes au pied du mur et il est haut. Mais je préfère prendre le risque de l’escalader, collectivement et même si la voie est étroite, plutôt que de foncer dessus en klaxonnant.
Je vous remercie.
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