Déjeuner Elysée

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Mon intervention à l’Elysée : M. le président, quand la question de l’égalité et de la justice territoriale sera-t-elle enfin inscrite à l’agenda ?

Publié le jeudi 21 février 2019

Jeudi 21 février, les président.e.s de conseils départementaux étaient invité.e.s à l’Élysée pour échanger dans le cadre du « grand débat national ». En tant que président du Département de la Seine-Saint-Denis, j’étais présent, et j’ai interpellé le président de la République sur les revendications de justice sociale et territoriale plus fortes que jamais avec le mouvement des gilets jaunes. Voici le texte de mon intervention.

« Monsieur le président,

Récemment, vous avez comparé la Seine-Saint-Denis à San Francisco. C’est flatteur. Mais je ne voudrais pas me retrouver dans la position du malheureux corbeau de la fable. Les mots d’amour, c’est toujours agréable, mais je leur préfère les preuves d’amour.

Je vous le dis, M. Le président, j’ai sincèrement hésité à venir aujourd’hui. Je ne compte plus le nombre de courriers adressés à vous-même, au Premier ministre, aux différents ministres.

Ce dont je veux vous parler, c’est d’inégalités territoriales. J’ai dit avec Philippe Martin, mon collègue du Gers: « campagnards et banlieusards, même combat ». Les fins de mois sont les mêmes, et pour beaucoup de Françaises et de Français, elles commencent de plus en plus tôt. Les déserts médicaux, ce sont les mêmes. S’il y a peu de gilets jaunes en Seine-Saint-Denis, c’est aussi parce qu’il y a une résignation plus grande, mais si la colère est plus sourde, elle n’en est pas moins forte. Nous avons connu en 2005 des émeutes, et personnellement je ne souhaite pas qu’on attende de nouveaux épisodes de ce type pour agir.

Pour l’instant, c’est dans les banlieues une immense déception. Vous avez supprimé les emplois aidés, vous reculez sur les transports du quotidien du Grand Paris Express mais vous avancez contre l’avis de tous les élus sur le CDG-Express, vous fragilisez le logement social, vous ne réglez pas la question des MNA, la péréquation entre départements franciliens est repoussée à l’Assemblée nationale par votre majorité sans même un travail préalable…

On a un rapport parlementaire, remis cet été et débattu il y a 15 jours à l’Assemblée nationale, qui dit des choses terribles mais vraies sur la République défaillante en Seine-Saint-Denis sur la sécurité, sur l’éducation, la santé, la justice. Mais quelle est la réponse du premier ministre, au bout de 6 mois ? « On va créer des groupes de travail ». Je crains que ce soit un peu court. Ce que la Seine-Saint-Denis demande, ce n’est pas un traitement de faveur, c’est l’égalité. Elle ne manque pas de talents, elle manque de moyens.

La seule question que je veux donc vous poser, M. le président, c’est :

Que sortira-t-il de concret sur les questions sociales de ce Grand Débat, et est-ce que la question de l’égalité et de la justice territoriale sera enfin inscrite en haut de l’agenda du gouvernement ? »