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Grand Paris, petite souris ?

Publié le dimanche 24 janvier 2016

Après des mois d’une gestation chaotique et douloureuse, 2016 voit enfin la naissance de la métropole du Grand Paris. On pourrait s’en féliciter : enfin la capitale française va entrer dans la compétition des grandes capitales mondiales.

Tribune publiée sur LeJDD.fr

Résister aux « tentations de bunkériser les territoires riches »

Moderniser la gouvernance de la capitale pour répondre mieux à la réalité des besoins est une belle idée. Une urgence même. Mettre fin aux inégalités territoriales qui minent son développement et qui s’enracinent dans un découpage politico-administratif dépassé par la réalité de la vie des habitants serait une idée progressiste, mais ce sera pourtant la grande occasion manquée.

Qu’on observe les tentations de bunkériser les territoires riches, incarné par le mariage d’argent entre les Yvelines et les Hauts-de-Seine, on comprendra vite que cette métropole du Grand Paris, réduite à des compétences stratégiques et sans grands moyens, ne jouera pas – hélas – le rôle de fer de lance de l’égalité territoriale qui aurait dû être le sien.
J’avais proposé qu’on fusionne à terme les départements de Paris et de la Petite Couronne pour construire une métropole puissante, redistributrice et démocratique. Je reste convaincu que c’est une bonne solution, mais le manque d’audace et de courage l’empêchera.

« On reproduit pour le Grand Paris ce qu’on reproche à l’Union européenne »

L’autre occasion manquée de cette naissance, c’est la démocratie. A l’heure où l’on se lamente sur l’éloignement entre les citoyens et les élus, on crée une métropole faite de désignations au second ou au troisième degré qui restera plus l’addition de pouvoirs municipaux qu’une véritable collectivité. On reproduit à l’échelle de la métropole des travers qu’on reproche si souvent à l’Union européenne. A-t-on à ce point peur du peuple pour ne pas lui confier directement la désignation de ses représentants et donc des orientations politiques qu’il souhaite voir mises en œuvre? La direction évidente que devrait prendre une réforme démocratique de la gouvernance de la capitale est pourtant assez simple : faire tomber la barrière du périphérique et aller vers l’élection d’un-e maire du Grand Paris élu-e directement.

Car, au-delà des questions institutionnelles, dans la vie quotidienne, l’avenir de la capitale ne se joue plus simplement intra-muros. Il se joue même largement au-delà dans une communauté de destins. Est-ce un hasard si je défends avec Anne Hidalgo, qui l’a bien compris, une candidature Paris-Seine-Saint-Denis pour les JO de 2024?

Heureusement le Grand Paris des projets se construit tous les jours et nous n’attendrons pas la réalisation des occasions manquées pour construire la France de demain. Cette France de demain, elle existe déjà : c’est la Seine-Saint-Denis. A ceux qui la caricaturent, la montrent du doigt, la dénigrent, je réponds qu’ils sont déjà en retard, n’en déplaise à ceux qui refusent de le voir.

La Seine-Saint-Denis, « France de demain »

L’avenir de la métropole et du pays se joue en Seine-Saint-Denis. Elle est jeune et dynamique dans une France qui vieillit et qui doute. Avec demain le plus grand quartier d’affaires de la métropole, elle est en pointe dans l’économie de demain, de Vente Privée à l’économie sociale et solidaire. Premier département pavillonnaire de la métropole et possédant le plus grand parc d’Ile-de-France, elle se tourne vers le bien vivre durable.

Elle est métissée, ouverte sur le monde. Elle est créative et riche d’une culture qui rayonne et qui donne le ton. Elle accueillera demain l’essentiel du Grand Paris Express, elle accueillera des événements mondiaux comme elle a su le faire pour la COP 21 au Bourget. Oui, la Seine-Saint-Denis, c’est la France de demain et s’en priver serait une erreur magistrale. Alors, construisons son développement en faisant confiance à ses talents, à sa jeunesse : ce sera un formidable moteur pour la capitale et un formidable moteur pour le pays.
Stéphane Troussel, président du Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis et secrétaire national du PS à la Décentralisation et modernisation de l’Etat

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